Projet Loups et Clôtures

Ce projet a pour but de concevoir des clôtures adaptées aux comportements des loups pour plus d’efficacité.


Contexte du projet

Dans certaines régions où les paysages de plaines dominent, les troupeaux sont répartis sur plusieurs parcelles morcelées (ou allotement). Les éleveurs utilisent alors des clôtures pour retenir et protéger les troupeaux. Or la plupart des clôtures sont conçues pour contenir le bétail, et non pour empêcher les prédateurs d’y entrer.

C’est pourquoi il faut désormais concevoir et installer les dispositifs qui auront pour but principal de protéger. Les clôtures seront plus efficaces puisque leur fonctionnement prendra en compte le prédateur et sa manière de les appréhender.

Actuellement, la majorité des recherches au sujet de la protection des troupeaux se concentrent sur le triptyque « parc de nuit-berger-chiens de protection des troupeaux » en zone de montagne. Les études sur l’efficacité des clôtures face à des prédateurs sont globalement peu nombreuses et celles concernant les loups en plaine le sont encore moins. Les protocoles de recherche mesurent généralement l’efficacité d’une manière indirecte (prédation / absence de prédation), mais aucun ne s’intéresse à l’éthologie du loup face à un obstacle à franchir.

Voilà tout le sujet de notre projet Loups et Clôtures : comprendre comment les loups appréhendent les clôtures et ainsi pouvoir adapter efficacement ces dernières pour empêcher les prédateurs d’entrer. Au cours de cette aventure, nous travaillons en collaboration avec plusieurs partenaires tels que les parcs comme le Domaine des Grottes de Han ou encore les associations d’éleveurs comme « Encore Eleveurs Demain ».


Objectif du projet

Ce projet vise donc à concevoir et installer des clôtures pour protéger le troupeau. Leur efficacité repose sur une réelle compréhension du fonctionnement particulier des prédateurs. Ces connaissances permettent l’installation intelligente des clôtures qui sont choisies pour contrer les méthodes d’approche spécifiques d’un potentiel intrus.

Or pour tenir compte du « facteur loup » lors de la construction d’un enclos ou la conception de nouveaux modèles de clôtures, il faut commencer par comprendre comment le prédateur s’y prend pour les franchir.

Il existe trois manières de franchir une clôture :

  • Passer par-dessous
  • Passer tout droit
  • Sauter par-dessus

Alors quelles méthodes utilisent les loups pour franchir les clôtures ? Quelle hauteur est optimale ? L’électricité est-elle efficace ?

Ce projet vise à répondre à toutes ces questions.


Méthode du projet

Notre expérience du terrain révèle toutes les difficultés qu’il y a à observer les comportements de loups en liberté face à un enclos et à contrôler tous les paramètres (par ex. qualité de l’électrification) lors du franchissement ou non de l’obstacle. En revanche, l’étude de loups captifs permet de maximiser le contrôle de ces paramètres et offre une observation plus aisée des sujets d’étude. En outre, la captivité offre l’avantage d’augmenter la fréquence de rencontre avec l’enclos à tester, ce qui stimule par ailleurs probablement leurs comportements exploratoires et accélère leur capacité d’apprentissage (individuel et social).

Concernant le suivi du bien-être des loups durant le protocole, l’équipe animalière du Domaine des Grottes de Han, qui accueille notre suivi, sera en charge d’évaluer le bien-être de la meute chaque jour comme cela est réalisé lors de la tournée de soin. Cette évaluation sera doublée des passages réguliers, plusieurs fois par semaine, des responsables de la structure et de manière hebdomadaire par le vétérinaire du Parc.

Un document dédié sera mis en place pour consigner les observations des équipes.


Où en sommes-nous ?

Nos recherches actuelles font suite à une série d’expérimentations débutée au Parc animalier de Sainte-Croix. Il s’agissait de tester deux types de clôtures électrifiées (à deux fils et flexinet) sur deux meutes différentes. Maintenant nous souhaitons franchir une étape supplémentaire en étudiant deux paramètres jamais analysés auparavant : la hauteur et l’effet dissuasif de l’électrification. La prise en considération de ces deux paramètres a été initiée par une demande de l’association d’éleveurs « Encore Éleveurs demain », dont plusieurs membres font face à une prédation importante par les loups depuis plusieurs années. Une recherche bibliographique (65 articles peer-reviewed consultés) a été effectuée pour s’assurer qu’aucune étude de ce genre n’avait déjà été réalisée. Comprendre comment le loup aborde une clôture permettra d’améliorer la protection des troupeaux, de sauver des brebis et de participer à la paix sociale.

Actuellement nous concentrons nos efforts pour combler cette lacune, notamment en essayant de répondre à deux questions soulevées par les éleveurs de l’association « Encore Éleveurs Demain » :

  • Quelle est la hauteur optimale d’une clôture ? Est-ce que le loup parvient à sauter par-dessus l’obstacle ou le franchit-il systématiquement par en dessous ?
  • Quel est l’effet dissuasif de l’électrification sur l’efficacité de la clôture ?

Pour répondre à ces questions, nous avons mis en place avec les responsables du Domaine des Grottes de Han une expérimentation consistant à inciter les loups à sauter par-dessus une clôture (fils) pour aller chercher des appâts situés de l’autre côté. Nous testerons ensuite, leurs capacités physiques en élevant sa hauteur, puis, l’effet dissuasif de l’électrification.