Projet CanOvis

Le projet CanOvis étudie les loups dans un système pastoral et leurs interactions avec les troupeaux, afin d’améliorer les chiens de protection et autres systèmes de protection des troupeaux.

Territoires d’étude

Région Provence-Alpes-Côte-d‘Azur

  • Alpes-Maritimes (06) – Massif du Mercantour – 2013 – 2018
  • Var (83) – Plateau de Canjuers – 2014-2018
  • Drôme (26) – Haut Buech – 2018

Résumé du projet

Face à l’augmentation régulière des dommages aux troupeaux liés à la prédation par le loup en France et face au manque de connaissances effectives sur ce prédateur dans le milieu pastoral, nous avons lancé en 2013 le projet de recherche « CanOvis ». Son objectif était de faire progresser les outils et stratégies de protection des troupeaux en étudiant les relations et interactions entre les loups, les troupeaux et les moyens de protection, notamment les chiens de protection des troupeaux (CPT).

Durant 6 saisons estivales nous avons suivi plusieurs unités pastorales ovines en zone de présence permanente de loups dans les Alpes du Sud françaises. Grâce à l’imagerie thermique, nous avons pu analyser les fréquentes interactions nocturnes entres les loups, les troupeaux et leurs systèmes de protection. Le nombre important « d’événements loup » récoltés met en évidence d’une part la grande promiscuité entre les loups et les systèmes pastoraux qui in fine partagent le même territoire et d’autre part que les attaques et dommages constatés au fil du temps ne sont que la partie émergée de l’iceberg que représente l’ensemble des relations et interactions qu’ils entretiennent sur ce territoire.

Nos résultats permettent de réduire les divergences entre les représentations humaines sur le Loup et la réalité de ses comportements lorsqu’il évolue en milieu pastoral. Ils suggèrent par ailleurs que la protection fonctionne d’une façon générale. Mais, telle qu’elle est déployée jusqu’ici elle ne fonctionne pas pour tous les loups, car il n’existe pas un loup générique mais des loups avec des personnalités différentes, un intérêt inégal pour le bétail et des réponses contrastées face aux mesures de protection. Nos observations nous ont permis de préciser un peu plus le modèle comportemental du loup en milieu pastoral, notamment en proposant un nouveau concept éthologique qui décrit des modes d’évolution. Ce modèle illustre clairement que le facteur loup est l’une des pièces maîtresses à considérer pour faire évoluer la protection des troupeaux. Ainsi, au prisme de ce facteur loup, nous proposons une relecture de la vulnérabilité d’un troupeau, un nouveau modèle « chien de protection » et plus généralement, une autre approche du principe même de mise en protection et de gestion du risque lié à la prédation que nous avons redéfinit à l’issue de ces travaux dans un concept plus global de gestion du risque loup.


Résultats – Rapport Final

Télécharger LE RAPPORT FINAL CANOVIS 2013-2018

En révélant un réel un peu différent de nos imaginations et croyances préexistantes, le recours à l’imagerie thermique nous a permis, selon le principe de l’objectivité mécanique, d’échapper en partie à ce qui était supposé ou communément admis et a fait progresser notre perception des relations et interactions entre loups, activités d‘élevage et systèmes de protection.

Pilier central de notre travail, nous avons observé que les interactions entre les chiens de protection et les loups étaient constituées d’une suite complexe de comportements. De nombreux éléments sont susceptibles de jouer un rôle dans le processus et son résultat, des mécanismes écologiques aux aspects comportementaux et socio-historiques .

Suivi nocturne 2013-2018 en quelques chiffres :

  • 3300 h de monitoring
  • 530 séquences impliquant des loups dont 163 approches de troupeaux ou lots de bétail
  • 175 interactions observées entre des loups et des chiens de protection

Nos résultats ont montré que la vulnérabilité d’un troupeau tiendrait plus des caractéristiques propres aux loups en présence que des niveaux de protection effectivement déployés ou des failles potentielles. C’est pourquoi, avoir une meilleure connaissance du loup en milieu pastoral semble aujourd’hui capital pour faire évoluer la protection des troupeaux, l’organiser et l’optimiser dans le temps. Considérer la protection « du point vue du loup » et non plus uniquement du « point de vue de l’humain » permet de considérer certains paramètres sous un angle différent. Le loup ou plutôt les loups se déclinent à travers différentes individualités et évoluent en permanence dans l’espace pastoral avec des modes comportementaux particuliers qui influent sur la vulnérabilité des troupeaux. Nos résultats permettent de réduire les divergences entre les représentations humaines sur le loup et la réalité de ses comportements lorsqu’il évolue en milieu pastoral. S’agissant des loups et des chiens de protection, ces travaux nous ont permis d’explorer de nouveaux territoires tels que la cognition animale ou encore, pour caractériser leurs relations, la théorie évolutive des jeux.

Outre des interventions sur les outils et mesures de protection en eux même pour augmenter leur « aptitude à la protection », repenser, au prisme du facteur loup, leur utilisation pour augmenter leur « efficacité à la protection » et les capacités à faire face et agir du berger est un autre objectif tout aussi stratégique. La prédation devrait être considéré comme un aléa naturel et en conséquence le risque loup comme un risque naturel que l’on gère « au jour le jour » comme l’est, par exemple, le risque avalanche. Pour cela, des outils d’aide à la décision permettront de s’orienter vers une démarche adaptative (au quotidien) et de poursuivre la quête d’une protection toujours plus efficace sur l’échiquier des relations entre loups et systèmes pastoraux protégés.

Résultats d’un suivi nocturne – Données GPS et caméra thermique se combinent pour le suivi d’un troupeau en couchade libre (voir rapport final)

Documents/Références

– Vigi.prédation – IPRA 2019 (Méthode)

– Poster – Canine Science Forum 2016

– Animation de synthèse – Les loups au contact des troupeaux – IPRA 2020

– Vigi.prédation – IPRA 2019 (Le risque loup)

– Interactions entre chiens de protection des troupeaux et loups dans les Alpes du Sud françaises

– RAPPORT FINAL CANOVIS 2013-2018

Figure de synthèse sur la vulnérabilité effective d’un troupeau (voir rapport final)